Pourquoi et comment utiliser l’écriture inclusive ?

Faux combat pour les uns, mort de la langue française pour les autres… qui ont visiblement loupé les enjeux d’une écriture non excluante ! On vous les explique et on vous donne un petit mode op pour devenir un·e as de l’inclusion !

Chères lectrices, chers lecteurs,

Nous allons parler écriture inclusive. Oui, celle-la même que l’Académie française ne recommande pas, y voyant un « péril mortel ». L’écriture inclusive va-t-elle tuer notre belle langue ? Jusqu’à preuve du contraire, une langue morte est une langue qui n’évolue plus car elle n’est plus usitée. Le français est donc loin d’être à l’agonie : on devrait se réjouir des débats quant à son usage, qui prouvent qu’il est bel et bien vivant. 

Mais pourquoi le masculin l’emporte-t-il ?

Certains répondent invariablement « Parce que c’est la règle et pis c’est tout ».

Mais il se trouve que les règles de grammaire ne sont pas des règles divines – et surtout pas celle-ci. Autre argument que l’on entend souvent : ce n’est pas le masculin qui l’emporte, mais le neutre, et en français, le genre neutre est calqué (COMME PAR HASARD) sur le masculin. 

Rétablissons la vérité. La préséance du masculin et sa prétendue neutralité ne sont pas dues à l’usage, au hasard ou à une tentative impartiale de rationalisation de la langue. Elles ont été mises en place par des grammairiens au XVIIe siècle, qui ont alors décidé, entre hommes et contre toute logique linguistique, que l’accord devait se faire avec le genre « le plus noble ». Le leur, ça va de soi. Un siècle plus tard, le linguiste Nicolas Beauzée a justifié cette décision en affirmant :

« Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ».

Un mec qui sait

On voit que cette décision linguistique était sous-tendue par la croyance en la supériorité masculine – une idéologie sexiste, donc – et non pas d’un tir à la courte paille afin de savoir qui des deux genres l’emporterait. L’écriture inclusive entend rétablir la justice.

C’était mieux avant !

La règle du masculin dominant sur le féminin est donc assez tardive : fixée au XVIIème siècle, comme on vient de le voir, elle ne s’est réellement propagée qu’à partir de la généralisation de l’école primaire obligatoire – soit à partir de 1830 pour les garçons, 1880 pour les filles – et l’éviction des parlers régionaux. Hier, donc. 

Avant cela, le français était bien plus souple – et logique.

On appliquait deux règles :

L’accord de proximité : « Mon pantalon et ma chemise sont belles ». Ici, c’est le dernier terme de l’énumération va donner son genre et nombre à l’adjectif, pour que la phrase sonne logiquement à l’oreille.

L’accord du nombre : « Etaient présents un homme et mille femmes ». Ici, un seul homme invisibilise la présence de mille femmes ! Costaud, le gars. La phrase logique est donc la suivante : « Etaient présentes un homme et mille femmes ».

Comment écrire de façon inclusive aujourd’hui ?

L’accord de proximité revient au goût du jour. Faites comme le magazine Slate, qui s’est engagé à l’utiliser dans ses articles !

Afin de démasculiniser la langue que vous employez, suivez ces 3 règles de base :

  1. User systématiquement du féminin et du masculin

Pour ça, plusieurs solutions :

  • Utiliser la double flexion : « Elles et ils partent », « Françaises, Français », « Celles et ceux »
  • Privilégier les mots épicènes : épiquoi ? C’est-à-dire qui ne sont pas genrés : ex « les élèves » 
  • Utiliser des parenthèses : « les Français(e)s ». Je ne suis personnellement pas très fan de cette option, qui véhicule l’idée que que féminin serait optionnel.
  • Utiliser le point milieu ou médian – oui, celui-là même qui fait hurler les puristes qui « n’arrivent plus à lire », « ont les yeux qui saignent », pleurent la mort du texte.

Exemples :  « Cher·e·s lecteur·rice·s »

Une éudte de l’ueivirstné de Cbdiragme a mrntoé que l’on peut sans poèblmre lire un txtee dnot les lrtetes sont dans le dérsodre, ne me racontez pas que le point médian vous pose un souci de compréhension. 

ASTUCE : Où se cache le point median ? Alt+0183 ou Alt+250 sous Windows ou Alt+Maj+F sous Mac

2.     Accorder en genre les noms de fonctions, grades, titres et métiers

La pratique était usitée en français médiéval, qui comprenait son lot d’« astronomiennes », « théologiennes »,   « maistresses ès arts » etc. Aujourd’hui, on écrira « cheffe», « présidente », « agente », « écrivaine », « professeure », etc. 

Une étude a d’ailleurs démontré que, lorsqu’une offre d’emploi était genrée par défaut au masculin, les femmes se sentaient moins légitimes pour y répondre.

3.     Ne plus employer le mot « homme » pour désigner l’ensemble de l’humanité

Exemple : On écrira « Droits Humains » (comme en anglais Human Rights) et non pas « Droits de l’Homme ».

Vous savez à présent comment faire pour ne plus être excluant·e·s dans vos écrits ! Pour conclure je répondrai à l’argument préféré des détracteurs de l’écriture inclusive :  il s’agirait d’un faux combat. Non. Car les mots forment la pensée et la précèdent, influant notre inconscient et nos imaginaires. Loin d’être une aberration ou un caprice, l’écriture inclusive est une revendication politique, une volonté de lutter contre l’invisibilisation de la moitié de la population et de mettre à mal une règles sexiste édictée à une époque qui n’est plus la nôtre.